samedi 4 avril 2015

Pourquoi végane?

Il y a encore un an, je trouvais les véganes incompréhensibles. Bien trop extrêmes dans leur façon de vivre et de penser pour m'imaginer une seconde en faire partie un jour. Je concevais parfaitement que l'on puisse ne plus vouloir manger d'animaux, et j'avais moi-même plusieurs fois eu à faire face à ce questionnement, que je rangeais chaque fois au fin fond de ma conscience, certaine de bien trop aimer la viande pour envisager un jour de l'abandonner. Mais ne plus manger de miel, c'est juste que je ne comprenais pas.




J'ignorais encore les horreurs subies par les animaux d'élevage, même pour le lait et les oeufs... Je n'avais jamais pensé que prendre un oeuf faisait du mal à une poule. J'avais eu des poules étant petite, et elles ne semblaient pas traumatisées de la disparition de leurs oeufs, qui la plupart du temps n'étaient pas fécondés. Je en réalisais pas que les oeufs que je mangeais à présent venaient de poules enfermées dans des cages, je pensais qu'acheter des oeufs de poules élevées en plein air suffisait.

Bref, je n'imaginais pas non plus certaines horreurs vécues par les moutons élevés pour leur laine, les petits veaux arrachés à leur mère et emmenés à l'abattoir pour que les enfants humains du monde entier puissent se délecter du lait qui leur était destiné (aux veaux, pas aux enfants) et avoir leur dose de calcium pour être grands et costauds -gros et costauds devrait-on dire...

Tout cela ne m'avait pas effleuré un seul instant.

Pas plus que le côté éthique de la démarche. Pas un seul instant je n'avais pensé à remettre en question le rapport de force que nous entretenons avec les animaux. Seuls les chevaux et les chats bénéficiaient chez moi d'une place à part (pour quelle raison autre que la relation privilégiée que j'avais pu entretenir avec certains d'entre eux?). J'étais pourtant persuadée de l'intelligence exceptionnelle et méconnue des oiseaux, et sans doute d'autres espèces. Mais le fait de les manger ne me dérangeait pas, je pensais que cela faisait partie de notre "nature".




Je n'avais pas réalisé que notre nature était aussi de nous poser des questions, d'avoir une conscience et de faire des choix, et que la façon dont nous nous nourrissions n'avait plus rien de naturel.

Jusqu'à ce que, à force de manger de moins en moins de viande (pour des raisons plus économiques et écologiques qu'éthiques) et de surfer sur des sites et assos végétariens, je ne découvre et ne fasse miennes, une à une, toutes les raisons de devenir végétarienne, voire végétalienne. J'ai compris que végétarien ne voulait rien dire si l'on se gavait d'oeufs et de fromage.

Oui, l'élevage des vaches laitières tue des petits veaux. Oui, l'élevage des poules pondeuses tue des petits poussins (et de la manière la plus abominable possible). Oui, l'élevage, quel qu'il soit, a un impact écologique énorme (eau, CO2, déforestation...)

Et oui, le spécisme, comme le racisme ou le sexisme, est une forme de discrimination d'êtres vivants basée sur l'infériorité supposée d'un groupe d'êtres vivants par rapport à un autre, et conduit à des horreurs dans le monde entier. Des horreurs justifiées par cette soi-disant infériorité. On considère les animaux comme des objets, insensibles à la douleur et dépourvus d'émotions, incapables de parler et de penser et donc inférieurs, de la même manière qu'à travers les âges on a considérés les femmes, les enfants, les noirs... Je suis de plus en plus persuadée que le jour où l'humanité cessera de se croire au-dessus du vivant, et qu'elle considérera tous les êtres vivants libres et égaux, elle aura atteint un stade spirituel supérieur et la Terre entière ira beaucoup mieux.

Bon, ok, c'est de l'utopie. Mais c'est en changeant soi-même que l'on commence à changer le monde.





Changer son alimentation d'un coup n'est pas facile en France, contrairement à d'autres pays comme l'Angleterre, où une certaine partie de la population (indienne notamment) est déjà végétarienne. Là-bas, pas un seul restaurant qui ne propose au moins un plat végétarien, avec mention sur la carte. Les denrées du supermarché sont aussi toutes étiquetées "suitable -or not- for vegetarians". En France, il faut apprendre à cuisiner. Ré-apprendre à cuisiner. Ma transition s'est faite donc assez lentement. Mais elle avait commencé depuis déjà plusieurs années, je suis donc passée de manger de la viande deux fois par semaine à plus du tout.

Au final, la plus grosse difficulté réside dans la vie sociale, lorsque l'on est invité, ou lorsque l'on sort au restaurant. Je n'arrive pas encore à déclarer aux gens que je connais depuis longtemps et qui m'ont toujours connue omnivore "je suis végétarienne". Idem au resto, lorsqu'aucun plat sur la carte n'est végétarien. Je crois que c'est là le plus difficile pour tout végétarien ou végane débutant.

Pour certaines personnes, le changement se fait d'un coup. Personnellement, je mise sur le temps et la progression. J'ai besoin de modifier progressivement mes plats préférés. Abandonner laitages et œufs, quand on est à peine "sevré" de la viande peut être difficile. J'ai donc décidé dans un premier temps de ne pas me mettre la pression et d'expérimenter petit à petit les alternatives, fromages, gâteaux véganes et autres, afin de petit à petit ne plus avoir besoin du tout de laitages ou d’œufs.

J'ai décidé de faire un blog pour partager, permettre à mes proches de comprendre ma démarche et de découvrir cet univers, et surtout pour le plaisir d'essayer et de créer de nouvelles recettes et les partager avec d'autres (parce que cuisiner uniquement pour soi, ce n'est pas toujours très motivant).


Pour aller plus loin:

~ "Pourquoi Vegan", la série d'articles du blog d'Antigone XXI, très bien écrits et très bien documentés.

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